Coarticulation C-à-V en français : interaction avec le type de voyelle, la position prosodique et le style de parole

Cette thèse étudie la coarticulation C-à-V en français et son interaction avec d’autres sources de variations dans le but de mieux comprendre ce qui la module et ce qui gouverne la variation dans la parole. Pour cela, à partir de grands corpus de parole, nous avons testé comment la coarticulation C-à-V était fonction : 1) des caractéristiques articulatoires des consonnes et voyelles impliquées à partir de 18.5k voyelles /i, e, ɛ, a, x, u, o, ɔ/ (/x/=/ø, oe, ə/) en contexte ALVéolaire, UVulaire et VÉLaire ; 2) de la position prosodique
occupée par les voyelles, en comparant le degré de coarticulation de 17k séquences CV et VC, V=/i, e, a, ɔ/ et C=ALV|UV, en position initiale de groupe intonatif, avec celui de séquences semblables en position interne de mot ; et 3) du style de parole, en analysant le degré de coarticulation dans 22k séquences CV et VC, V= /i, E, a, u, ɔ/ (/E/=/e, ɛ/) et C=ALV|UV, issues de parole journalistique et conversationnelle. Cette thèse montre qu’en plus de dépendre des caractéristiques articulatoires des segments, la coarticulation est aussi
modulée par des facteurs linguistiques, liés à l’organisation prosodique du message, et des facteurs communicationnels dépendant de la situation de communication. Cependant, certains résultats suggèrent que la modulation de la coarticulation par la position prosodique et le style de parole, ont des fonctions linguistiques différentes dont les implications sur la variation dans la parole seront discutées. Enfin, une réflexion sur les changements de sons en lien avec la préférence universelle pour l’antériorisation des voyelles postérieures fermées sera proposée à partir des différences observées entre les
voyelles.