La perte d’intelligibilité de la parole est souvent constatée après le traitement de maladies qui affectent les voies aérodigestives, comme les cancers ORL. Les évaluations perceptives restent la méthode la plus utilisée pour évaluer cliniquement l’intelligibilité de la parole. Cependant, ces appréciations sont connues pour être hautement subjectives, biaisées et longues puisque l’évaluation peut être conditionnée par l’expérience du praticien par exemple, ou encore les patients précédemment examinés. Afin de résoudre ces problèmes, une évaluation automatique est une alternative intéressante et viable, qui pourrait fournir des mesures plus objectives, plus rapides et non biaisées. Dans ce travail, nous explorons différentes manières de prédire l’intelligibilité de la parole en nous basant sur différents niveaux de granularité : la phrase, le mot et le phonème. Les résultats des modèles granulaires proposés suggèrent des corrélations avec l’intelligibilité perceptive allant de 0,80 à 0,89 lorsqu’ils sont appliqués sur un corpus français de cancers ORL. Les corrélations atteignent même 0,91, lors de la fusion de tous les systèmes granulaires. Plusieurs conclusions sont tirées de chaque niveau de granularité, notamment en ce qui concerne les types de mots et de phonèmes qui jouent un rôle plus ou moins important dans l’intelligibilité des différents locuteurs. En outre, une étude sur la modélisation individuelle d’un ensemble de juges perceptifs est également présentée. Celle-ci montre que différents profils de juges émergent de l’ensemble des juges perceptifs et automatiques. De plus, les résultats suggèrent qu’une approche automatique peut effectivement être considérée comme plus uniforme et objective qu’un juge humain. Cela laisse la possibilité de mettre en œuvre ces approches dans des environnements cliniques, soit pour servir de second avis, soit pour libérer le praticien afin qu’il puisse effectuer d’autres tâches.