Résumé:
Cette thèse s’inscrit dans le cadre d’un projet à long terme de l’équipe articulatoire de l’ICP dont le but est de réaliser et de contrôler un robot anthropomorphique capable de produire de la parole selon des processus simulant les stratégies d’un locuteur humain. Dans un tel projet, une étape importante consiste à comprendre comment la tâche est spécifiée pour le locuteur et plus précisément quel est l’espace de contrôle distal (acoustique ou articulatoire). Pour déterminer les poids respectifs de ces deux espaces dans le contrôle de la production des voyelles, nous avons choisi une approche expérimentale s’appuyant sur une perturbation des stratégies habituelles de production. Pour cela nous avons inséré entre les lèvres de 11 locuteurs, un tube labial de 20 mm de diamètre imposant ainsi une grande aire labiale et nous leur avons demandé de produire dans ces conditions la voyelle [u], usuellement produite avec une faible ouverture labiale. Nous avons alors recueilli des données articulatoires (rayons X) et acoustiques (signal sonore produit). Les stratégies développées pour faire face à la perturbation ont été ainsi analysées, dans un premier temps sur la base d’une description acoustique à l’aide du patron formantique F1/F2 et ensuite à l’aide des résultats issus de tests perceptifs réalisés pour évaluer la qualité perceptive des sons produits. Les résultats ont confirmé que la compensation était possible grâce à une complète réorganisation articulatoire. Nous avons ensuite pu mettre en évidence que le comportement des locuteurs a été fortement basé et contrôlé en vue d’une amélioration du résultat acoustique : la cible auditive est donc clairement présente dans la tâche du locuteur. Finalement, nous avons proposé d’intégrer ces résultats dans un schéma général du contrôle de la production de la parole.
Mots clés : communication parlée, production de la parole, contrôle moteur, perturbation, compensation, tube labial, articulatoire, acoustique, perception.