La reconstruction cognitive de la parole dégradée: étude de l’intelligibilité comme indice d’une capacité cognitive humaine

Résumé :

Ces travaux se sont intéressés au phénomène de la compréhension de
la parole dégradée. Grâce aux approches conjointes de la psycholinguistique et de la neurophysiologie, des études comportementales et des tests auditifs ont été menés chez des
participants adultes sains et chez des participants adultes dyslexiques. Les mesures comportementales ont exploré les capacités des participants à reconstruire de la parole dégradée artificiellement. Deux types de dégradations de la parole ont été utilisées: l’inversion temporelle du signal et la parole dans la parole.

Les résultats montrent l’existence d’une capacité cognitive à reconstruire de la parole dégradée qui dépend du niveau d’altération du signal d’origine, mais également de paramètres internes au système cognitif, et propres à chaque individu, tels la capacité
d’activation des mécanismes lexicaux, et peut être la latéralisation hémisphérique. Les caractéristiques psycholinguistiques des mots à restituer conditionnent leur compréhension en situation de perception difficile, de même que les caractéristiques psycholinguistiques du contenu lexical du bruit concurrent lors de la perception de la parole dans la parole. Les tests auditifs cliniques ont permis de mettre en évidence des corrélations entre la latéralisation des voies auditives descendantes des participants et leurs capacités à comprendre de la parole dégradée. Les résultats des patients dyslexiques ont montré des performances réduites pour reconstruire de la parole dégradée associées à un profil symétrique des voies auditives descendantes. Ces résultats sont interprétés en faveur de l’hypothèse d’un lien entre asymétrie cérébrale et capacités langagières.

Mots-clés : Compréhension de la parole dégradée, Parole inversée, Parole
dans la parole, Effets psycholinguistiques, Dyslexie, Système efférent olivo-cochléaire Médian, Latéralisation auditive périphérique.