Inscrite dans le champ de l’analyse du discours en interaction, notre thèse propose une étude des formes et des fonctions des discours rapportés (DR) dans le cadre des six débats télévisés de l’entre-deux-tours des présidentielles ayant eu lieu en France entre 1974 et 2012. Il y est question de déterminer avec précision à quoi sert le DR dont on pourrait penser qu’il n’est pas véritablement constitutif du genre dans ces interactions où chaque candidats poursuit les objectifs particuliers de s’autopromouvoir et de délégitimer son adversaire.
L’analyse détaillée des quelques quatre cents extraits recensés dans le corpus montre que les DR répondent, selon leur lieu d’apparition dans l’échange en cours, selon la nature de leur source (l’adversaire, un tiers extérieur au débat ou le locuteur lui-même) et selon leur teneur propositionnelle, à trois différentes visées qualifiables d’autopromotionnelle, de défensive et de polémique visées auxquelles contribuent en outre parfois le mode de mise en scène paraverbale et non verbale des propos rapportés (mouvements de la voix, mais aussi mimiques, postures, regards et gestuelles déployés par le locuteur conjointement au DR).
Répondant ainsi à une intuition de départ, cette recherche met à jour le fait que lors de ces débats, non seulement les discours rapportés sont bien mis au service des objectifs spécifiques des candidats, mais encore qu’ils occupent, selon la nature de la source alléguée, des fonctions différentes mais complémentaires (fonctions relatives à la dynamique des échanges et à l’élaboration d’un discours en confrontation, fonctions strictement argumentatives ou encore fonctions relatives à la finalité des débats en eux-mêmes).