Résumé :
Cette thèse de doctorat a pour objectif de décrire la situation actuelle de la langue iaai (langue océanienne, famille austronésienne) et de proposer une analyse de ses dynamismes d’évolution. En tant que langue kanak minoritaire de Nouvelle-Calédonie, inscrite dans un contexte de contact de langues intense avec le français, le iaai connait des changements importants tant linguistiques que sociolinguistiques.
Cette thèse adopte un angle d’approche à la fois double et complémentaire. D’une part, il est question de proposer une évaluation de la vitalité sociolinguistique du iaai aujourd’hui en croisant différents facteurs relevant du contexte social et ethnolinguistique dont la variété des profils de locuteurs typiques des langues en danger.
D’autre part, l’analyse porte sur les évolutions au sein même du fonctionnement du iaai en abordant trois thèmes particulièrement intéressants de cette langue : (i) les changements dans le système des classificateurs possessifs ; (ii) les stratégies de néologie et de modernisation du lexique ; (iii) le cas particulier des emprunts de verbes. L’étude de ces changements s’appuie les travaux de description du iaai de la linguiste Françoise Ozanne-Rivierre (1976, 1984), lesquels sont comparés aux données modernes collectées dans le cadre de cette recherche lors de trois enquêtes de terrain à Ouvéa depuis 2009, ainsi que grâce à une collaboration soutenue avec une informatrice, locutrice native, à Lyon.
Au final, ce travail de recherche met en exergue l’entrelacement de différentes dynamiques entre modernisation, obsolescence et résilience linguistique en iaai.