Effort phonatoire et effort articulatoire selon le voisement des consonnes orales du français

Un effort phonatoire intense ou prolongé peut causer des lésions des plis vocaux et une dysphonie. L’effort correspond à la perception, par un individu, de la force qu’il déploie pour réaliser une activité, ici la phonation visant à faire vibrer périodiquement les plis vocaux pour produire la voix dans la parole. L’évaluation de cet effort doit donc reposer, au moins, sur deux mesures, l’une perceptive et l’autre physique. Pour développer de telles mesures, il est nécessaire de dissocier l’effort phonatoire de la dysphonie, d’une part, et de l’effort articulatoire, d’autre part. Nous avons réalisé des expériences chez un grand nombre de sujets sains, en faisant varier l’effort phonatoire. Nous avons comparé les consonnes voisées et non voisées, ainsi que la parole vocale modale usuelle et non usuelle, c’est-à-dire différant par l’intensité, la hauteur et la qualité de la voix. Nous avons testé une mesure d’auto-perception de l’effort dans des comparaisons de syllabes par paires : le
taux de difficulté ressenti pendant la production des consonnes voisées, par rapport aux non voisées. Le score moyen s’élevait à 22 sur 36, soit 61%. Nous avons aussi adapté une mesure acoustique de l’effort phonatoire : la fréquence fondamentale relative (RFF). Les valeurs de RFF, notamment à l’initiation de la voyelle post-consonantique, étaient plus basses, indiquant un effort plus important, pour les consonnes voisées que pour les non voisées et pour la voix forte-aigüe-pressée que pour la voix usuelle. Ces valeurs étaient cohérentes avec les mesures aérodynamiques réalisées. Nous avons également appliqué les deux mesures développées à des patients, dont nous présentons les cas.