L’émergence du contrôle articulatoire au stade du babillage : une étude acoustique et cinématique

Résumé :

L’acquisition du langage est un processus au cours duquel le bébé doit faire émerger une compétence linguistique spécifique tout en développant ses performances motrices.

Le babillage, période que l’on situe entre l’âge de 6 et 12 mois, s’inscrit comme une phase capitale de l’évolution du langage au cours de laquelle un certain nombre d’habiletés vont se mettre en place..

Au stade précoce du babillage, la mandibule dominerait le système de production. C’est ce que défend la théorie « Frame then Content » de MACNEILAGE (1998). Cette dominance apparaitrait au niveau articulatoire d’une part, puisque la mandibule serait le seul articulateur actif, alors que la langue serait soumise à une relative inertie ; et temporelle d’autre part, puisque son oscillation, générant l’alternance des phases d’ouverture et de fermeture de la cavité buccale source du patron syllabique, serait rythmique et régulière.

Nous avons donc cherché à savoir comment s’établirait l’évolution du patron temporel des gestes mandibulaires en analysant un échantillon de données acoustiques recueillies longitudinalement chez deux sujets âgés de 9 à 14 mois. Nous avons alors mis en évidence l’existence de deux phases successives au cours du processus d’organisation temporelle. Une phase pendant laquelle le bébé rompt avec la stabilité initiale en faisant varier les configurations temporelles de ses productions, suivie d’une phase de stabilisation au terme de laquelle le bébé va rejoindre une fréquence spécifique pour la parole.

Puis, nous avons montré comment les déplacements de la langue allaient se dissocier de ceux de la mandibule pour devenir indépendants avec l’âge, en exploitant un jeu de données acoustiques et articulatoires (Optotrak) simultanées pour 27 sujets.