Résumé :
Cette recherche a pour objet la gestion de l’intercompréhension en interaction, c’est-à-dire l’analyse de la façon dont les interactants s’assurent qu’ils ont produit une interprétation commune des énoncés échangés. La première partie de la thèse définit les concepts et les notions clés (l’interlocuteur et l’interprétant, l’interprétation et l’intercompréhension), elle pose le cadre conceptuel du travail (constructivisme et externalisme), et justifie le choix des données recueillies et analysées : un corpus d’interactions entre des agents administratifs, francophones natifs, et des usagers, francophones non natifs. Dans la deuxième partie, nous avons étudié la construction des attentes chez les usagers, la manifestation des insatisfactions vis-à-vis d’une interprétation chez les interprétants et les indices qui signalent le repérage d’un problème dans l’intercompréhension et le déroulement des négociations. Nous avons également analysé l’impact des tâches effectuées dans les interactions de service sur la gestion de l’intercompréhension. Ces analyses ont permis de dégager un ensemble d’indices, de formes, de types de réactions et de stratégies, qui permettent en troisième partie une transposition des résultats dans l’élaboration de programmes (contenus, conduites, activités) pour l’enseignement du français, langue étrangère et pour la formation professionnelle. Ce travail a une visée didactique générale : il suggère de reconsidérer l’enseignement de la compréhension de l’oral en interaction afin de lui accorder un statut d’objet d’enseignement et pas seulement de moyen d’enseignement.