Résumé :
Cette thèse se propose d’étudier d’un point de vue formel et expérimental les fondements perceptifs de la syllabation en anglais et en français. Elle passe en revue différentes définitions de la syllabe et de l’ambisyllabicité et examine l’hypothétique universalité de leurs rôles, chez des natifs monolingues ou des bilingues. L’originalité de ce travail réside dans la prise en compte des préférences des locuteurs-auditeurs francophones et anglophones lors d’une tâche de syllabation. Pour le cas spécifique des segmentations de mots de deux syllabes CVCV, les anglophones prennent parfois en compte la qualité des voyelles et la place de l’accent lexical : un mot de deux syllabes CVCV sera segmenté CV.CV dans la plupart des cas en anglais (a priori toujours en français), mais différemment si l’ambisyllabicité s’y prête (si la première V de CVCV est accentuée et brève alors CVC.V ou CVC.CV) ou que la morphologie intervient (si les V de CVCV sont toutes deux accentuées). Le présent
travail est donc la contrepartie perceptive de travaux précédents (Ryst, 2008) et révèle l’influence du degré d’exposition à la L2 des locuteurs-auditeurs sur leurs préférences de syllabation. Les règles de syllabation proposées pour les énoncés anglais peuvent trouver des applications technologiques (segmentation automatique de mots isolés en anglais, par exemple dans les dictionnaires). Des pistes de réflexion pour des applications didactiques et différentes perspectives de recherche sont aussi évoquées.