Parole, langues et disfluences : une étude linguistique et phonétique du bégaiement

Résumé :
Le bégaiement est un trouble de la fluence de la parole qui se caractérise, entre autres, par une présence accrue d’accidents de parole venant entraver l’intelligibilité de l’énoncé. Ce travail de doctorat a pour objectif d’étudier les disfluences catégorisées comme pathologiques produites par des locuteurs qui bégaient et ce, en tâche de lecture et en situation de parole spontanée. Plus précisément, il s’agit, d’une part, de vérifier si des éléments morphologiques et phonétiques peuvent expliquer l’apparition d’un bégayage et, d’autre part, d’observer les événements articulatoires présents avant et pendant les disfluences. Pour mener à bien les études ayant trait aux éléments linguistiques posant le plus de difficultés aux personnes qui bégaient, 10 locuteurs francophones et 10 locuteurs slovacophones, tous atteints de ce trouble, ont été enregistrés en train de lire un texte et de parler spontanément dans leur langue maternelle. Quant aux travaux portant sur les événements moteurs
se déroulant avant et durant les disfluences, ils ont été réalisés grâce à des données EMA acquises auprès de 4 locuteurs francophones (2 locuteurs qui bégaient et 2 sujets normo-fluents) en tâche de lecture. Nos résultats ont montré que les consonnes non-voisées et les occlusives faisaient partie des éléments les plus problématiques à prononcer pour les personnes bègues. L’étude morphologique a révélé que plus un mot contient de morphèmes et plus le risque de voir apparaître une disfluence est accru. Ce résultat doit notamment être mis en corrélation avec le nombre de syllabes présentes dans le mot. En ce qui concerne le second couple d’études, portant sur le niveau moteur de la parole bègue, nos données montrent, en particulier, des similitudes dans les événements articulatoires se déroulant au niveau supra-glottique entre les disfluences perçues acoustiquement comme des blocages et des prolongations. Enfin, une perturbation des gestes coarticulatoires a pu être relevée lors de la production de certaines disfluences.