Résumé :
C’est dans l’interaction sociale, lieu d’occurrence premier du langage parlé (Local, 2003) que la parole est apprise, qu’elle est produite quotidiennement et qu’elle évolue. De nouvelles approches interdisciplinaires de l’étude de la parole, notamment la sociophonétique ou les récents développements de l’interaction conversationnelle, ouvrent de nouvelles perspectives dans la modélisation du traitement de la parole. Une question centrale à cette entreprise est la caractérisation des représentations mentales associées aux sons de la parole. Pour traiter cette question, nous utilisons l’approche exemplariste du traitement de la parole, qui propose que les sons de la parole sont mémorisés en incorporant des informations contextuelles détaillées. Nous présentons une nouvelle tâche interactionnelle, GMUP (pour « Group ’em up »), destinée à recueillir les réalisations de matériel phonologique finement contrôlé produit par deux interactants dans un cadre expérimental écologiquement valide. Les variables phonologiques décrivent les différences existant entre deux variétés de français parlé, le français standard et le français méridional. Des outils de reconnaissance automatique de la parole ont été développés pour évaluer la convergence phonétique, observable de l’évolution des représentations mentales, à deux niveaux de granularité : au niveau catégoriel de la variable phonologique et au niveau plus fin, subphonémique. L’emploi de mesures acoustiques détaillées à grande échelle permet de caractériser finement les différences inter-individuelles dans l’évolution de la forme des réalisations acoustiques associées aux représentations mentales en interaction conversationnelle.