Cette thèse examine le rôle projectif de la prosodie affective en français. Nous nous sommes concentrés sur le cas particulier des préfaces aux annonces de nouvelles, lieu privilégié pour la projection d’indices en interaction. La complexité de la notion d’affect, la multitude de paramètres acoustiques et de moyens de les évaluer, ainsi que les positions théoriques traditionnelles de l’intonation rendent difficile l’appréhension que l’on peut avoir de cette projection affective au travers de la prosodie. Cette thèse soutient qu’il existe bel et bien des indices de projection affective, et que ceux-ci peuvent se trouver non seulement dans les caractéristiques acoustiques continues de la voix, mais aussi dans la phonologie de l’intonation, de façon plus catégorielle. De plus, cette thèse soutient que ces caractéristiques, produites par le locuteur lorsqu’il s’apprête à annoncer une nouvelle, sont perçues et utilisées par les interlocuteurs pour se préparer à la valence affective, négative, positive ou neutre, de l’annonce. Les résultats corroborent l’existence d’un tel phénomène. En production, la prosodie produite avant l’annonce d’une nouvelle révèle des différences, principalement au niveau de la fréquence fondamentale et de la qualité de la voix, selon la valence de la nouvelle. De même, l’intonation semble indiquer que l’affect pourrait être porté au travers de catégories phonologiques, bien que nous n’ayons que peu de différences à ce niveau. De plus, des variations phonétiques au niveau de l’intonation sont aussi présentes et varient en fonction de la valence affective de la nouvelle. Enfin, cette thèse révèle que les auditeurs ont une réaction affective différente en fonction des valences affectives portées par la préface, sur la base uniquement de changements dans la phonétique et la phonologie de l’intonation.